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Irina Shark : “Je m’inspire de tout ce qui me précède”

2 juillet 2020
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Irina Shark, sculptrice

Irina Shark est une sculptrice autodidacte. C’est dans son atelier en Normandie que l’artiste franco-russe expérimente le plâtre. Elle propose des créations captant les émotions de ces modèles et en révèle ainsi la beauté intérieure. Durant cette année 2020, Irina Shark a notamment acquis le prix Brugnon de la Fondation Taylor. Entretien avec l’artiste.

Quel a été votre parcours pour arriver à la sculpture ?

J’ai étudié la linguistique à Paris, j’ai travaillé comme interprète, traductrice et enseignante dans la ville de Hong Kong. En parallèle, j’ai commencé la sculpture, toute seule, chez moi. Mon approche avec cette pratique artistique est arrivée naturellement. Petit à petit, je progressais, j’apprenais des choses. Puis, à un moment donné, cela a pris une place trop importante dans ma vie. Je me suis donc consacrée entièrement à la sculpture et je suis partie vivre à Florence. J’ai pu partager un atelier avec divers sculpteurs internationaux, j’ai appris à leurs côtés, j’ai abordé les aspects plus techniques du métier. C’était un endroit très inspirant ! Ensuite, je suis partie, j’ai acheté un atelier pour continuer dans ma propre direction, m’isoler et créer seule.

Mask of Igor, Bronze,2019.

Quel est votre processus de création pour la sculpture ?

Le processus de création expose l’artiste à de nombreuses étapes. Dans un premier temps, je construis une armature de bois et de métal. Chaque matériau doit être travaillé, je coupe, je soude… C’est une étape très importante. Il faut bien la concevoir puisque qu’elle permet de consolider la stabilité de la sculpture. Ensuite, je sculpte ma pièce en argile avec un modèle, des références, des photos, de l’imaginaire… Ça peut durer entre une semaine et six mois. Après, je moule ma pièce en silicone et en résine, je réalise un moule négatif et je verse de la cire dedans, après durcissement de la matière liquéfiée, je fais quelques retouches. J’aime tout faire moi-même mais parfois, j’ai besoin de collaborer avec des artisans. C’est pourquoi, je confie mon moule à des fondeurs qui construisent tout un système sur la cire, les évents, les sorties d’air, les arrivées de bronze… C’est très technique ! Placée dans une étuve, la cire va fondre sous l’effet de la chaleur et permettra d’obtenir un moule creux en plâtre réfractaire. Ensuite, vient l’étape du remplissage. On coule le bronze dans le moule puis, il est chauffé à environ 1200°, une fois refroidi, il faut le casser. L’étape de démoulage permet d’en dévoiler la sculpture. Commence le travail de ciselure ! Je retravaille sur les finitions, je polis. Dernière étape, la patine en argile ! Je l’applique afin de protéger le bonze, de lui donner un certain aspect. Je fabrique parfois mes propres socles qui peuvent être en bronze, en bois ou en marbre.

Maya, Raw bronze, 2019

Quelles sont vos sources d’inspiration ? 

Je crois que quand on crée, quel que soit l’art, on touche les différent aspects de l’émotion, on éveille la sensibilité des gens. L’idée de l’inspiration découle de tous les autres arts. Je m’inspire de tout ce qui me précède, des artistes et des cultures. L’art égyptien, l’art grec, l’art de la renaissance me passionnent. J’adore la période du 20e en sculpture. La nature, les gens qui me touchent, qui ont une sensibilité, une beauté intérieure, tout ça m’inspirent. Je lis en ce moment une biographie sur Michel-Ange, c’est d’une inspiration folle ! Je m’inscris dans cette chaîne créative délivrant une mosaïque d’inspirations !

The Scream, Bronze, 2019

Un de mes chocs les plus fort dans le monde de l’art est la rencontre avec la petite danseuse de Degas. Quand je l’ai vu, au musée d’Orsay à Paris, j’ai été frappé visuellement par la présence très dérangeante de la sculpture. Le buste en bronze de Jean-Baptiste Carpeaux qui a pour titre Le chinois m’a aussi interpellé, j’ai été captivé par le regard de la sculpture. Mais généralement, je suis touchée par les artistes du 20 ème comme par exemple, Antoine Bourdelle qui aspire à quelque chose de très fort, très masculin. J’aime les sculptures de Medardo Roso, de Giacomo Manzu et de l’impressionniste Troubetzkoy.

Avez-vous des projets à venir ?

J’ai beaucoup de projets, notamment un qui proposera des pièces assez grandes, et particulières. Je suis encore dans la création, cela prend du temps.

Retrouvez plus de création de l’artiste sur son site et son compte Instagram  

Propos recueillis par Chloé Desvaux

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